La vie au rythme de la lumière
La vie en Arctique est soumise à des conditions extrêmes. D’une part les températures glaciales mais aussi la nuit polaire qui plonge l’Arctique dans l’obscurité pendant la moitié de l’année. Pourtant chaque printemps les eaux de l’océan Arctique se remplissent de vie attirant des migrations d’oiseaux et de baleines qui viennent s’y nourrir.
Comment la vie réapparait après cette longue hibernation ?
Ce retour de la vie est étroitement lié au retour de la lumière qui fournit l’énergie nécessaire pour la croissance du phytoplancton, base de toute vie dans les océans.
Aux printemps 2015 et 2016, des chercheurs de plusieurs universités se sont rendus dans le sud de l’île de Baffin pour établir un camp de glace directement sur la banquise et étudier ce retour de la vie sous la banquise.
Nous arrivons à l'emplacement ou nous montons le camp de glace véritable laboratoire installé sur la banquise et qui permet une impressionnante batterie de mesures.
A l'abri de la tente, un trou percé dans le sol gelé nous permet de descendre des instruments afin d'étudier la richesse des eaux, sa composition chimique ou encore son acidité.
Le développement d'engins automatisés va grandement améliorer notre compréhension du milieu Arctique grâce à l'acquisition de données dans des zones difficilement accessible tel le dessous de la banquise.
A l’extérieur de la tente, d’autres scientifiques s’intéressent aux propriétés optiques de la glace et de la neige. Pour appréhender le développement de la vie dans les mers polaires, il faut déterminer comment la lumière, cette source essentielle d'énérgie, est transmise à travers la neige et la glace.
Les conditions de travail sont difficiles sur la banquise. Lorsque le vent se lève, l'air se charge de particules de neige rendant le décor blanc.
La limite entre le ciel et le sol devient invisible et circuler en motoneige dans ces conditions s'avère trés périlleux sans GPS.
Au printemps, l'atmosphère se réchauffe et la neige commence à fondre en créant des petits lacs appelés mares de fonte. la formation de ces mares accélère la disparition de la glace en créant une lentille qui augmente l'absorption du rayonnement lumineux.
La fonte s'accélère et la banquise se recouvre d'une pellicule d'eau d'une dizaine de centimètres. On a l'impression d'avancer sur un miroir reflétant le ciel.
Il y a de l'eau dans la tente laboratoire et les scientifiques doivent relevés de nombreux défis logistiques pour poursuivre les mesures. Cette période est pourtant un moment crucial pour notre étude car la fonte de la neige est synonyme d'apport d'énergie lumineuse dans l'océan qui dort sous la glace. Cet apport de lumière va stimuler la croissance de microscopiques algues qui vivent attachés sous la banquise.