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Les dernières glaces de l'Arctique

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Alors que la banquise disparait à un rythme effréné la région d’Alert, au nord du Canada, est reconnue pour être le dernier endroit de l'Océan Arctique qui abritera une banquise en été.

Elle constitue donc le dernier refuge pour les espèces qui dépendent de la glace comme l’ours polaire, le beluga, le narval, le phoque ou le morse. Il est primordial de protéger cette région qui abrite une biodiversité unique et menacée.

Dans le but d'en faire une zone protégée, notre équipe de chercheurs de Pêches et Océans s’est rendu sur place pour témoigner de l’importance écologique de cette région.

En route vers le Haut Arctique, nous survolons l'île d'Ellesmere, vierge et largement inexplorée. Une zone où les glaciers s'écoulent comme de la crème fraîche dans les vallées et où les montagnes sont baignées dans une neige gonflée comme de la mousse à raser.

Nous atterrissons à Alert, cette base militaire canadienne à 82°29' de latitude nord est l'endroit habité le plus au Nord de notre planète. Notre équipe du ministère des Pêches et Océans va y séjourner pendant trois mois dans le cadre du programme MAP "Programme Multidisciplinaire Arctique" de Pêches et Océans. Notre mission est d'étudier l'écosystème marin qui vit sous l'épaisse couche de glace et d'établir la première évaluation écologique de la zone

Pour atteindre notre zone d'étude, nous partons chaque jour en motoneige sur une banquise très accidentée. Ce relief chaotique est issue des nombreuses collisions entre les plaques de glaces mises en mouvement par les tempêtes.

Deux tentes 'Polarheaven' sont installées sur la banquise. L'une accueille le laboratoire où l'eau de mer est prélevée, filtrée et analysée pour mesurer les concentrations en organismes planctoniques, en sels nutritifs et en autres éléments dissous. La deuxième tente sert principalement à déployer notre véhicule sous-marins téléguidé (ou ROV, Remotely Operated underwater Vehicle).

On s'intéresse également aux organismes qui vivent dans la banquise: les algues de glaces. Pour les étudier, nous prélevons des carottes de glace grâce à un carottier, sorte de gros foret en plastique sur lequel on installe un moteur. Les carotte de glace sont ensuite découpées en tronçons puis fondues pour les filtrer et les analyser.

La neige accumulée sur la banquise limite fortement la pénétration de la lumière sous la banquise. Cette lumière est indispensable pour la croissance des algues marines, base alimentaire de toute vie marine. Le suivi de l'épaisseur de neige nous servira a déterminer l'environnement lumineux sous la glace et donc à comprendre les conditions de vie sous la glace. 

Les images aériennes obtenues avec un drone offrent un outil performant pour étudier la morphologie de la banquise. L'âge et l'épaisseur de la banquise peuvent être directement estimés à partir du relief identifié par les changements de contrastes de la couverture de glace.

 La tempête de neige se prépare. Lors des trajets en motoneige, il faut protéger chaque cm de peau de la morsure du froid. Le vent fort remet aussi en suspension la neige et nous plonge dans un brouillard de particules blanches qui recouvre le matériel et nous contraint à porter un masque limitant notre visibilité. Pour retrouver notre chemin dans ce monde sans contraste nous avons placé des petits drapeau rouges le long du trajet.

Suite à ces travaux, en aout 2019, cette région du Haut Arctique a été désignée Zone Marine Protégée. C’est la plus grande zone marine protégée du Canada.

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