Habiter l'Arctique
Des airs on aperçoit le petit village de Qikiqtarjuaq complètement isolé au milieu d'une immensité blanche bordée de collines et de montagnes. Le village se situe sur la petite île de Boughton bien que pour le moment la présence d'une banquise épaisse ne laisse pas imaginer que nous sommes sur une île.
L'isolement et les conditions extrêmes sont les prix à payer pour les habitants du Grand Nord. L'extraordinaire beauté des paysages est leur récompense.
Chaque année apporte son lot d'icebergs renouvelant continuellement le décor face au petit village de Qikiqtarjuaq. Certains icebergs sont échoués sur le fond de la Baie à 50 mètres de profondeur. Il peuvent alors rester plusieurs années avant d'être désagrégés ou libérés.
Nous profitons de leur prison de glace pour pouvoir approcher ces colosses. Le face à face est impressionnant, on retient son souffle et on marche sur la pointe des pieds par peur de voir la paroi s'effondrer.
Les icebergs attendent, comme en hibernation, la fonte des glaces pour reprendre leur route vers le sud où ils disparaitront rongés petit à petit par les eaux chaudes du Gulf Stream.
Les inuits chassent pour leur survie. Ils prennent l'essentiel et ne gaspillent pas. L'été ils partent en nomades chasser les narvals, morses ou baleines. Même si les techniques ont changées, le respect de l'animal est toujours intact.
Les anciens sont très respectés dans les villages du Nord. Ils sont la sagesse et la voix de la communauté. Ils semblent voir en vous, déceler votre vraie nature.
Les inuits économisent les mots. Ils observent et écoutent plus qu'ils ne parlent. Et lorsqu'ils parlent, à leur rythme, il est bon de les écouter.
Bien que chacun possède son skidoo, les chiens sont encore utilisés par certains pour tirer les traineaux. Attachés autour du village, ils sonnent aussi l'alarme si un ours approche.
Il y a aussi de nombreux chiens errants qui se baladent autour du village. Malheureusement pour eux il ne sont pas très bien accepté. Il arrive de les croiser seul et épuisé à plusieurs km du village.
Le soir, le soleil descend, lentement, pendant des heures, puis au lieu de disparaître il remonte, lentement, déjà prêt à illuminer la prochaine journée.
C'est dans ces villages éloignés que l'on retrouve ce que signifie une communauté. Une unité face aux éléments. Il y a quelque chose d'ancestral ici. Mais de nos jours, les villages inuits sont connectés. Les jeunes sont sur les réseaux sociaux ce qui ne manquent pas de leur donner des rêves d'évasion.